Publié le
8/9/2025

Boomers à la une : dix ans de récits générationnels dans les médias

« Tout ça pour le confort de certains partis politiques et pour le confort des boomers (...) qui de ce point de vue-là considèrent que tout va bien » : évoquant la situation financière du pays le 27 août dernier, François Bayrou semblait mettre en cause la génération née après la seconde guerre mondiale. La déclaration a immédiatement suscité de nombreuses réactions.

 

Mais est-ce réellement nouveau ? Revenu, retraite, rapport au travail, conscience écologique…  Depuis une dizaine d’années, les clivages entre boomers, générations X, Y, Z ou Alpha se sont imposés dans les médias comme des marqueurs culturels et des outils d’analyse sociale et économique de l’actualité.

 

Quelle visibilité ces générations successive sont-elles dans les médias et comment évolue-t-elle au fil du temps ? Voici les résultats sur dix ans issus de la dernière étude de Tagaday, 1èreplateforme de veille médias (TV et radios, presse écrite et en ligne).

 

 Points marquants

 

- Transition générationnelle : au cours des dix dernières années, l’attention médiatique s’est  progressivement déplacée des Millennials  (1981-1996) vers la Génération Z (1997-2009). Ce passage ne  reflète pas un conflit entre les deux générations, mais une évolution des  récits, portée notamment par la culture numérique.

 

- Les Boomers (1946-1964) : ils s’affirment comme un marqueur idéologique et culturel récurrent,  symbole durable des clivages générationnels.

 

- La Génération X (1965-1980) : elle reste le maillon discret du débat public, rarement au cœur des  récits médiatiques.

 

- La Génération Alpha (depuis 2010) : encore très jeunes (moins de 15 ans), leurs apparitions récentes dans  les médias sont surtout liées à l’agenda éducatif et de l’enfance, à travers  des sujets comme l’usage des écrans, l’impact des réseaux sociaux ou l’accompagnement  des parents.

 

2015 - 2025 : transition des Millennials à la Gen Z sous l’œil constant des Boomers 

 

Sur la dernière décennie, la Gen Z représente à elle seule plus d’1/3 de la production analysée (72 841 contenus). Elle devance désormais les Millennials (63 572) et les Boomers (59 519), tandis que la Génération X (10 478) reste en marge et que la Génération Alpha (2 168) émerge.

 

2015 – 2018 : l’âge d’or des Millennials

Les Millennials deviennent la figure de référence des transformations du travail (ubérisation, télétravail naissant),des mutations de la consommation et des aspirations à l’autonomie. Ils structurent une large part du récit médiatique, portés par leur poids démographique et leur présence dans les débats économiques.

 

Fin 2019 : l’onde de choc « OK boomer »

L’expression explose internationalement et traverse l’Atlantique. Elle installe le boomer comme symbole d’un « ancien monde » jugé privilégié et peu attentif aux urgences climatiques ou aux défis numériques. En France, le terme s’impose dans les débats médiatiques sur le climat, le coût de la vie et l’accès au logement, cristallisant le clivage intergénérationnel.

 

2020 : la crise sanitaire redistribue les récits

Au plus fort du Covid-19, la couverture médiatique se réorganise. Les Boomers sont alors associés au risque sanitaire, à la vaccination et à la vulnérabilité. Quand les plus jeunes sont eux associés aux restrictions, à l’enseignement à distance, à l’isolement. Cette génération apparaissant comme la plus impactée par les conséquences sociales de la pandémie.

 

2021 – 2022 : la bascule vers la Génération Z

Avec l’essor de TikTok, des formats courts et de l’activisme climatique, la Génération Z s’impose comme un acteur culturel incontournable. Elle joue désormais un rôle central dans les médias, stimulant de nouvelles formes de mobilisation et de narration. 

 

2023 : retraites et émeutes urbaines

La réforme des retraites remet en avant une lecture générationnelle du débat : Boomers, Millennials, Gen Z : qui paie, qui bénéficie ? Quelques mois plus tard, les émeutes de l’été 2023, déclenchées après la mort de Nahel, recentrent le récit sur la jeunesse, les réseaux sociaux et les tensions avec les institutions. 

 

2024 : une séquence politique tournée vers les jeunes

Entre élections européennes et dissolution, la jeunesse est au cœur des débats : vote des 18-25 ans, mobilisation en ligne, thématiques d’ordre public et de pouvoir d’achat.

   

2025 : montée de la Génération Alpha et retour du Boomer

La Génération Alpha commence à émerger, surtout à travers l’agenda éducatif et sociétal, avec des thèmes comme les écrans, la santé mentale ou les apprentissages. Encore en périphérie des débats médiatiques, elle incarne néanmoins les enjeux d’une génération née dans un monde entièrement numérisé et confronté à l’urgence climatique. Parallèlement, les Boomers connaissent un regain de visibilité, stimulé par les discussions autour de la dette.

 

Et la Génération X ?

La Génération X reste moins visible dans les médias que les Boomers oules Millennials/Gen Z. Située entre deux générations plus polarisantes, elle n’incarne ni le pouvoir économique et politique des Boomers, ni l’activisme numérique des plus jeunes. Moins nombreuse et moins présente sur les plateformes sociales, elle apparaît surtout dans des récits médiatiques discrets. Son profil pragmatique et centré sur la carrière ou la famille limite également son exposition, faisant de cette génération un maillon silencieux du débat public.

 

Méthodologie :

Etude réalisée sur la base de l’analyse de 5 400 programmes d’information (diffusés par 410 chaînes et stations TV/radio pour une moyenne de 2 400 heures quotidiennes) et d’une sélection de 3 000 publications de presse écrite (titres de la presse imprimée et sites web éditoriaux). Les articles paraissant dans plusieurs éditions de publications print régionales ne sont comptabilisés qu’une fois.