Publié le
11/9/2025

Benchmark Tagaday : Du cadre scientifique au débat public : 50 ans de médiatisation de la charge mentale

Le terme "charge mentale" est désormais au cœur des débats publics, qu'il s'agisse d'égalité femmes - hommes, de la répartition des tâches domestiques ou encore de la santé psychologique. Son histoire médiatique, cependant, révèle une évolution progressive ponctuée de véritables tournants.

Dans le contexte d'une rentrée toujours propice à une hausse de la charge mentale, Tagaday, première plateforme de veille et d'analyse médias, retrace la trajectoire de cette notion en France : de sa première apparition dans les médias à sa popularisation massive auprès du grand public.

La charge mentale : d’un terme technique à une idée de société

Aux origines d’un concept devenu viral

Le contexte dans lequel le terme "charge mentale" apparaît dans les médias français ne renvoie pas encore à son sens actuel, associé à la répartition des tâches domestiques ou aux inégalités de genre.


D'abord, il est utilisé dans son sens technique, issu de l’ergonomie, de la santé et de la psychologie du travail, pour qualifier le poids cognitif et psychique que certaines tâches font peser sur les salariés.


Ainsi, les médias – recensés par Tagaday – s'y réfèrent notamment à travers le rapport d’Alain Wisner et James Carpentier sur le travail posté, publié en 1976, qui met en évidence les contraintes physiologiques, sociales et surtout psychiques et cognitives auxquelles ces travailleurs sont confrontés.

2025

Depuis la première occurrence et jusqu’au début des années 2000, le terme "charge mentale" n'est mentionné en moyenne que deux fois par an dans les médias français. Une progression lente se dessine ensuite, atteignant une cinquantaine d'articles par an jusqu’en 2017. C'est à partir de cette date qu'une véritable explosion médiatique survient, portée par une série d'événements culturels et sociaux qui propulsent le concept dans le débat public.

Parmi les principaux déclencheurs :

  • La BD d'Emma : Fallait demander (mai 2017) publiée en ligne, elle popularise la notion de "charge mentale" en la rendant accessible grâce à un format visuel clair et percutant. Devenue virale sur les réseaux sociaux, elle est rapidement reprise par la presse, installant durablement le terme dans l'espace médiatique.
  • Un effet boule de neige médiatique : cette première vague est suivie de nombreux articles, interviews, tribunes et reportages, souvent reliés à d'autres sujets de société comme le burn-out, la parentalité, la santé mentale. Les médias régionaux comme nationaux ont repris le terme, ce qui a amplifié encore le phénomène.
  • L'institutionnalisation du concept : dès 2017, la notion est intégrée dans des campagnes de sensibilisation, des études sociologiques et même des discussions politiques autour de l'égalité domestique.

Le graphique ci-dessus illustre cette trajectoire : d'un terme confidentiel pendant quatre décennies à une croissance spectaculaire et continue depuis 2017.

Chronologie d’une ascension

La visibilité record de la « charge mentale » de 2017 à 2025

À partir de 2017, le terme "charge mentale" connaît une croissance fulgurante dans les médias français. Le volume de mentions passe d'environ 1 860 en 2017 à plus de 20 000 en 2024, soit une progression quasi continue d'année en année.

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Comme illustré par le graphique ci-dessus, cet essor révèle une médiatisation exceptionnelle, initialement portée par la publication de la BD Fallait demander d'Emma, puis renforcé par les débats publics autour de l'égalité femmes-hommes, de la parentalité et du bien-être au travail.

En 2025 (données arrêtées à fin août), près  de 17 000 occurrences sont déjà recensées, confirmant que cette année devrait également s'inscrire parmi les plus intenses en termes de couverture médiatique.

Quand la charge mentale change de visage

Un terme qui s'étend à tous les univers

Depuis son émergence, le terme « charge mentale » s'est progressivement élargi à différents champs de la vie sociale et professionnelle, avec des intensités variables selon les thématiques.

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  • Les femmes demeurent le sujet le plus récurrent. Dès 2017, le terme leur est fortement associé, avec une progression régulière jusqu'à atteindre un pic en 2024 avec près de 2 500 mentions. Cette tendance confirme que la charge mentale reste avant tout perçue comme une problématique genrée.
  • Le milieu professionnel représente le deuxième grand axe d'occurrence. Les mentions passent d'environ 340 en 2017 à près de 2 000 en 2024, traduisant l'intégration croissante du concept sous l'angle du travail, de l'organisation et du bien-être en entreprise.
  • La parentalité connaît une montée spectaculaire : d'une dizaine de mentions seulement en 2017, elle enregistre plus de 600 en 2024. Cette dynamique illustre l’ancrage du concept dans la discussion sur la répartition des tâches parentales et l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
  • Les hommes, longtemps en marge (à peine 80 mentions en 2017), apparaissent davantage dans le discours médiatique à partir de 2018-2019, avec un maximum en 2024. Même si le volume reste bien inférieur à celui des femmes, cette progression marque une ouverture vers une vision plus partagée de la charge mentale.

Dans l'ensemble, le graphique met en évidence une croissance continue de l'usage du terme "charge mentale" entre 2017 et 2024, avec une diversification des contextes d'association. L'année 2025, bien qu'incomplète (janvier - août), s'annonce déjà comme une nouvelle année record, confirmant l'installation durable de ce sujet au cœur des préoccupations sociétales.

Méthodologie :

L'analyse des retombées repose sur un échantillon de 410 chaînes et stations TV/radio (plus de 5 500 programmes différents pour 2 400 heures par jour indexés en temps réel), et 3 000 titres de la presse française et sites du web éditorial.

Sur une période longue comme c'est le cas ici, le corpus analysé connaît nécessairement des évolutions du nombre de sources et de contenus produits. Entre 2016 et 2025, il a par exemple augmenté de 70 %.

Elle a été réalisée avec le module "Analyser" de Tagaday qui permet d'aller au-delà du simple volume de retombées pour explorer des indicateurs clés tels que la répartition des retombées par type de médias, la mesure de l'€-Pub ou encore l'impact.

Afin de garantir la fiabilité et la pertinence des résultats, seuls les contenus contenant des mentions explicites des thématiques analysées ont été pris en compte. Cette approche méthodologique permet une mesure précise et ciblée du niveau de médiatisation de chaque sujet.

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